La restauration des terres redynamise le bassin arachidier du Sénégal


Le sol sénégalais paie le prix de décennies de monoculture de l'arachide. Les pratiques agricoles non durables et l'impact du changement climatique ont laissé de grandes étendues de terre asséchée, mais le projet RFS Sénégal est en train de renverser la tendance en matière d'érosion et de salinisation des sols.

Lorsque les colons français ont introduit les plantations d'arachides au Sénégal au XIXe siècle, ils firent de ce pays d'Afrique de l'Ouest l'un des plus grands producteurs au monde. Dans les années 1960, le Sénégal produisait près d'un quart de toutes les exportations mondiales d'arachides. 

Les décennies suivantes enregistrèrent un déclin constant. Aujourd'hui, bien que 40 % des terres cultivées du Sénégal soient consacrées à la légumineuse, le pays ne produit qu'environ 1 % des arachides commercialisées dans le monde.

En plus de 100 ans, la monoculture a entrainé de graves conséquences sur la santé des sols. L'empiètement de l'eau salée sur les sources d'eau douce et la diminution des précipitations annuelles ont entraîné une augmentation constante de la salinité des sols. Et si certaines cultures peuvent pousser dans un sol présentant un certain niveau de sel, une forte teneur en sel rend la production végétale pratiquement impossible.

De nombreuses grandes étendues de terre arable dans le bassin arachidier sont désormais stériles, ce qui rend extrêmement vulnérables les 69 % de la population rurale qui dépendent de l'agriculture pluviale à petite échelle.

Pour améliorer la santé des sols et donner vigueur à la petite agriculture dans le bassin, le projet RFS Sénégal, Projet d'Appui à la Résilience des Chaînes de Valeur Agricoles (PARFA), a entrepris un certain nombre d'activités de restauration des terres dans la région.

En collaboration avec les institutions nationales, les autorités locales, les organisations d'agriculteurs, les ONG (Wetland International Africa et Enda Energie), les organismes communautaires et les membres des communautés, l'équipe de RFS Sénégal a identifié les sites bénéficiaires et facilité l'adoption d'une série de pratiques et de technologies pour intervenir de manière adaptées aux besoins de la région.

Les pratiques et technologies de restauration des terres comprennent l'installation de fascines, de gabions et de digues de pierre. Les fascines, ou fagots de tiges ligneuses vivantes, sont plantés dans des tranchées et deviennent des touffes de végétation antiérosive. Les gabions sont des casiers de roches en fil de fer, qui sont souvent installés sur des pentes et qui contrôlent l'érosion du sol en ralentissant l'écoulement de l'eau. Des digues de pierre sont installées pour servir de barrière qui freine l'écoulement de l'eau, permettant à l'eau de pluie de s'infiltrer dans le sol et de se répartir plus uniformément sur le terrain. En retenant le ruissellement de l'eau, les digues de pierre permettent de constituer une fine couche de particules de terre et de fumier, riches en nutriments.


Les membres de la communauté aident à construire des digues de pierre le long des courbes de niveau. Photo prise par Matar Diaga Sarr.
Les membres de la communauté aident à construire des digues de pierre le long des courbes de niveau. Photo prise par Matar Diaga Sarr.

Pour lutter contre la salinité du sol, on a utilisé du phosphogypse, un déchet de la fabrication d'engrais,  pour aider à lessiver le sel du sol. Le projet a également commencé à renforcer les capacités des agriculteurs avec de nouvelles techniques de compostage favorisant la matière organique du sol et a contribué à la régénération naturelle renforçant la couverture végétale. 

Pour encourager la mise à l'échelle des techniques de restauration fructueuses, l'équipe du projet pays a organisé une visite d'échange sur un site de conservation des sols situé en dehors de la ville de Kaolack. Les producteurs de toute la région ont été invités à voir de leurs propres yeux l'impact des méthodes agro-écologiques promues par le projet. La visite a permis d'informer et de former un grand nombre d'agriculteurs aussi bien aux techniques de régénération naturelle assistée que de restauration et conservation des sols (création de gabions, de digues de pierre, etc.). Les retours sur cet événement suggèrent que le vieil adage africain "Mieux vaut voir une fois que d'entendre cent fois" est juste. La visite du site a entrainé une adoption notoire des techniques de régénération naturelle assistée et une augmentation significative de la productivité de l'arachide et du millet chez les agriculteurs participants.


Les interventions mécaniques, telles que les digues de pierre illustrées ci-dessus, sont indispensables pour freiner la grave érosion des sols dans le bassin arachidier. Photo prise par Matar Diaga Sarr.
Les interventions mécaniques, telles que les digues de pierre illustrées ci-dessus, sont indispensables pour freiner la grave érosion des sols dans le bassin arachidier. Photo prise par Matar Diaga Sarr.

Dans l'ensemble, les résultats des activités de restauration et de conservation des sols sont encourageants. Au moins cent hectares de terres ont été récupérés grâce à la technologie facile et accessible mise en œuvre par le projet. Les rendements sont passés de 800 kg/ha à 1 tonne/ha, voire 1,2 tonne/ha dans certaines zones.

En améliorant l’état sanitaire et la capacité de production des ressources naturelles dans le bassin arachidier, et en transposant à plus grande échelle dans les communautés les approches réussies, le projet RFS Sénégal accroit les rendements agricoles et renforce la résilience climatique des systèmes alimentaires des petits exploitants, ce qui permet à ces derniers d'atteindre la sécurité alimentaire et nutritionnelle et d'améliorer leurs moyens de subsistance.


Abonnez-vous à notre bulletin d'information

Abonnez-vous à notre bulletin d'information mensuel afin de recevoir des mises à jour sur les informations provenant directement du terrain dans le cadre de nos projets, événements à venir, nouvelles ressources, et bien plus.